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9 février 2015

E57 - Exploiter un personnage

Savoir exploiter un personnage ou encore "en faire le tour" requiert plusieurs éléments parmi lesquels on piochera pour lui donner de l'épaisseur :

[1] Notre personnage grandit : s'il s'agit d'un enfant et que le récit s'étale sur plusieurs années, ce n'est plus un détail. Dans le cas d'une maladie incurable ou d'un facteur de nanisme, le fait de ne pas grandir revêt également de l'importance.

[2] Notre personnage évolue psychologiquement : à travers ses expériences, son regard sur le monde change, sa manière de penser, de se comporter.

[3] Le regard des autres sur notre personnage permet d'accéder à une évaluation différente du personnage.

[4] Les données de contexte, d'historique sont le réceptacle clé où fonder la provenance sociale du personnage.

[5] Les contre-données : tandis qu'on pense tout savoir sur ce héros, un autre personnage apparaît et sème le trouble, preuves à l'appuie (photos, coupures de journaux, ...). Cela fait partie du regard des autres, mais parfois cela revêt une importance capitale car cela permet de gérer un élément clé : l'ambivalence.

Petit exemple sans prétention pour illustrer :

Les trois lycéens s'étaient retrouvés autour d'une table, dans une de ces arrières-salles de bistrot, aux banquettes défoncées, où l'alcool et les cigarettes s'échangeaient avant un cours de philo. Robert était le petit nouveau de la bande, plutôt chétif, calme, l'air un peu coincé sous sa chemise repassée. Il venait de Paris, pères et mères fonctionnaires, on n'en savait pas bien plus, fils unique apparemment. Marcel et Firmin lui avaient proposé de partager un verre pour voir ce qu'il avait dans le ventre. Ils avaient parié que Robert ne tiendrait pas l'après-midi après sa double moresque. Robert, quant à lui, supputait qu'il s'agissait d'une sorte de bizutage de la part de ces moins que rien, mais quitte à s'entourer autant faire bonne figure, intégrer un groupe et aviser au fil de l'eau. Il souriait, Robert, il se prêtait bien au jeu, il titubait même un peu.

_ Alors le veau, ca va ? Comment va les gars ?, Hubert venait de faire son entrée et bousculait le petit nouveau sans ménagement. Eh, dis-moi, t'as vraiment fini ton verre ? il siffla, sacrée descente !

Après quelques "c'est bon, fais pas chier, arrête de le charrier ..." Hubert s'éclipsa aux toilettes, et puis encore "pas croyable ce type ... eh, Robert, fais pas attention, en vrai c'est un froussard, il profite un peu de la nouveauté" fit Marcel pour apaiser l'atmosphère.

_ Aucun problème" répondit Robert en souriant, il a l'air bien gaillard en tout cas, se disant qu'un jour où l'autre il faudrait s'occuper de son cas, à cet Hubert. Pour l'instant, il avait bien besoin de décanter et retourna au bahut sous prétexte de devoir rendre un livre.

Hubert réapparut.

_ Hé, lanca Firmin, faut la ménager, la recrue.

Hubert sourit.

_ Ouais, n'empêche que votre Robert c'est un spécial à ce qu'il paraît.

_ Eh ouais, un spécial de l'armée spéciale et c'est pour ca qu'on l'a recruté qu'est-ce que tu crois ?

_ Je crois surtout que vous aviez pas les yeux en face des trous ce jour-là

Marcel fronca les sourcils :

_ Qu'est-ce tu veux dire, qu'il est pas clean ?

_ Clean, je sais pas, mais douteux pas trop loin.

Comme on se rapprochait pour l'écouter, il en profiter pour allumer une tige.

_ Vous vous souvenez de Galette, mon voisin de pallier, il y a deux ans. Il a atterit dans l'ancien bahut de notre petit Robert. Il me l'as dit quand je l'ai eu au téléphone. On parlait de choses et d'autres et je lui lâche que voilà on a intégré un petit nouveau de sa nouvelle patrie, un petit Robert, bla bla je lui détaille un peu le gars et là il me sort : Robert Lanzévieux ? Il m'a scotché. Ben ouais, que j'lui réponds, c'est bien son nom. Là il a commencé à jurer un peu, bref, alors méfie toi, qu'il me sort, ce gars vaut mieux l'avoir de loin qu'en couleurs, j'en ai entendu parler dès mon deuxième jour, c'est dire. Avant d'opérer sa sortie, comme il savait qu'il remettrait plus les pieds ici avant un bail, il a écrit à la direction pour balancer toutes les magouilles du bahut, c'est une serpillère ce mec, et ici on se demande si finalement les coups foirés pendant l'année où les gars choppés à pomper ... on se demande s'il y était peut être un peu pour quelque chose. Alors voilà mes Tontons, maintenant on sait qu'on a furet à museler.

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