E61 - Les joies du "mais"
La conjonction de coordination mais s'utilise de nos jour à outrance. Ses emplois les plus fréquents sont pourtant limités :
- Opposition : Ce n'est pas un cheval, mais un cavalier.
- Réfutation : Le temps est mauvais, mais la santé est bonne.
- Rectification : Il n'en a pas deux, mais trois.
Le Grevisse nous dit aussi : "La langue écrite répète parfois "mais" devant chacun des termes de la seconde coordination" et de citer Gide (Si le grain ne meurt) "Mais le souci que je voyais qu'avait ma mère, mais ses objurgations, mais le chagrin silencieux de mon père, pénétrèrent enfin ma torpeur"
De nos jours on trouve "mais" utilisé - à tort ! - à toutes les sauces, par exemple :
"Les gens aisés pouvaient se le permettre, mais les pauvres non." -> ce mais est très maladroit, il est utilisé en lieu et place de "lorsque".
"Ils abordaient le chemin, mais je cessais de les regarder." -> ce mais est très maladroit, sans autres informations (il se passe quelque chose dans le champ du narrateur) on ne sait pas pourquoi il cesse de regarder, qui plus est si quelque chose d'intéressant devrait se passer.
Aussi, ce "mais" est utilisé souvent alors qu'il n'est pas indispensable, par exemple "cette chambre était utilisée par les hommes, mais on y trouvait des parfums..."
En bref, les utilisations des "MAIS" (Et que dire des "Et" - au passage !) sont souvent outrancières, mal dosées, utilisées à mauvais escient. Pensez-y avant d'utiliser le moinde "mais" car ce mot dresse un rempart entre deux propositions - même si cela s'appelle une conjonction de coordination - un peu à la manière d'un point-virgule utilisé pour contre-balancer deux propositions entre elles. Son utilisation fréquente provoque un aléas de la tension dans le texte et ne desservira sans doute pas le dessein souhaité.
Mais bon, à chacun de juger !