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27 avril 2015

E72 - Ah ce narrateur tout puissant!

Le voilà, nous le suivons le long des quais, démuni, la tête vide, il ne pense qu'à se nourir et les passants s'en rendent compte. Où sont les compensations sociales pour cet exilé, ce banni, ce nouveau venu sur cette terre ferme face au large, à cet horizon d'où il nous provient? Le marchand de journaux se demande s'il doit rentrer ses cartes postales, on dit que la ville est moins sûre, l'air devient malsain...

Ca narrateur que l'on rencontre chez Hugo ou Pagnol entre autres n'est pas des plus simples à manier. L'extrait proposé pèche lui-même par de nombreux aspects et l'on pressent que - hors d'un travail sérieux - la tâche est insurmontable.

Proposer un récit avec un tel narrateur est un choix audacieux, mais attention : si l'écriture ne brille pas, le récit se ternira bien vite et l'histoire elle-même patira des refus.

Comment gérer un tel narrateur ? Aucun secret de ce côté-là, on en revient à l'analyse classique du récit : le fond et la forme. Le fond, c'est le propos, les idées, ce que l'on dévoile, divulgue, met au jour ... tandis que la forme c'est le "comment" de l'écrit. Lorsque les récits à narrateur tout puissant sont mauvais, c'est très souvent pour une raison essentielle : si le fond brille, la forme adopte une profondeur de champ mal jaugée, une approximation qui coûte rien moins qu'un refus d'édition.

Comment gérer la forme de ce type de narration : lisez Maupassant, Zweig, Truman Capote également et découvrez comment un narrateur global s'efface derrière son propre récit, comment sa voix qui surgit parfois - comment ne pas décrocher lorsque Hugo part dans son tableau des guerres napoléoniennes ou lorsqu'il s'écrit le nom de Janus ? - baisse le ton, les lumières et sans doute les craquements de la salle pour laisser place à l'histoire qui soudain vit, prend forme, se débat, se cherche, s'expose.

La forme doit donc épouser les contours du propos, donner l'illusion d'une perspective rapprochée, inviter le lecteur à - excusez du peu - s'envelopper de l'intimité de l'oeuvre comme les statues de Junon des drapés romains.

 

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