E48 - Casser la linéarité d'un récit

Nombre d'histoires se bornent à suivre le parcours d'un héros, avec un peu de suspens, des hauts et des bas. C'est bien, on ne demande pas mieux.

Qui plus est, une règle veut que l'on termine un chapitre par une inconnue, pour poser la question au lecteur : voilà quelque chose d'intrigant, veux-tu continuer cette lecture ? Là aussi, c'est bien, on ne demande pas mieux.

... ou presque. Car nombre de ces récits restent somme toute linéaires. Si l'histoire est assez courte (une nouvelle), on peut ne pas trop s'en rendre compte, mais s'il s'agit d'un roman, cela entre dans les éléments qui lassent.

Pour casser la linéarité et donc "dynamiser" l'histoire, l'auteur a recours à de nombreux stratagèmes, en voici quelques uns :

[1] L'entête de chapitre : on propose une définition encyclopédique, un fait d'actualité, une pub, ... notez que l'entête de chapitre peut aussi introduire un élément important pour la suite de l'histoire. Mieux, cet élément peut guider le lecteur à résoudre une énigme que le héros ne voit pas. Elle est l'équivalent en ce sens d'une confession du narrateur -> cette méthode (confession du narrateur) est employée assez souvent, on la retrouve notamment chez Jack London ou chez Victor Hugo. Il va de soi que l'issue de l'histoire ne devrait pas être annoncée par le narrateur et occultée au héros sans une bonne raison.

[2] Mélanger les parties : facon puzzle, on construit une intrigue qui n'est pas découpée selon un schéma chronologique (voir "Pulp Fiction" de Q.T. ou encore "Le Déchronologue" de S.B.).

[3] Écrire à rebours. Pas de meilleur exemple que le film "Memento" pour se faire une idée.

[4] Introduire un nouveau personnage : en insistant bien sur l'apparition de ce personnage, on offre un sentiment de renouveau à la lecture en posant la question : que vient-il faire dans le récit à ce moment ?

[5] Relancer le passé de l'histoire : cela rejoint un peu le point [2] mais de manière minime : notre personnage (donc le narrateur, donc l'auteur) se souvient que ... et ce souvenir peut être sans rapport direct avec l'histoire ou au contraire très en rapport avec l'histoire (voir par exemple les souvenirs de Sophie Neveu dans le "Da Vinci Code" de D.B.)

[6] Introduire une situation totalement déconnectée de l'histoire. Par exemple notre personnage poursuit un terroriste dans des ruelles sombres, il perd sa trace et se retrouve soudain au milieu d'un colloque de collectionneurs de timbres. Cette situation incongrue a pour effet de casser le rythme, désorienter le lecteur qui se demande ce que "ce truc" vient faire là. Cette technique est très employée par les scénarios de comédies.

[7] Résoudre une énigme qui n'apparaissait pas dans l'histoire : grâce à un détail, un fait, notre héros va se rendre compte que ... mais alors, cela remet forcément certaines choses en question et l'histoire change alors de cap -> voir les polars, cette technique est largement utilisée dans leurs scénarios.