Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ecriture
Publicité
Archives
Pages
Ecriture
Visiteurs
Depuis la création 17 020
26 juillet 2014

Ecrire une histoire 14 - Imposer un rythme dans la lecture

Les questions de rythme sont souvent les plus difficiles à résoudre car elles demandent une refonte de l'écriture. Si le contenu reste inchangé, c'est le fond, la structure, à laquelle on va s'attaquer. Attention à ne pas confondre avec "le fond du récit" qui correspond lui, à la structure des éléments de l'intrigue.

Un récit qui ne possède pas de rythme particulier, sinon une certaine lenteur, ou une répétition ad-infinitus du même schéma de phrase, risque fort de lasser le lecteur. Il faut donc l'aérer, varier les pointes de vitesse et les pauses, modifier les contexte (temps, lieu, humeur des personnages, sensations proposées [parfum, bruit], ...).

[Elements de la narration]

Pour comprendre comment effectuer ceci, il faut d'abord se pencher sur les composants de base de la narration:

- la description

- les dialogues

- les actions

Prenons un exemple:

[1] Forcons un passage entièrement descriptif

Terell se pencha sur le troll. Il lui dit qu'il ronflait. Le troll grogna et se retourna.

C'est purement descriptif et plutôt succinct. Aussi, l'enchaînement des phrases est plutôt plat.

[2] À partir de ce passage simple on va étoffer et modeler la tension pour offrir de la profondeur.

La caverne vibrait par intermitences. Terell se pencha sur le troll : "sacré nom d'une pipe, qu'est-ce que tu ronfles!" Rub le troll grogna et se retourna.

Dans cet exemple, la caverne qui vibre est une description. Terell se penche sur le troll, c'est un événement. Vient ensuite une tirade écourtée de Terell. Puis un événement -> Rub se retourne.

[Gérer les problèmes de rythme]

On distingue plusieurs problèmes de rythme:

[1] Trop de description, pas assez aérée avec les dialogues et les événements

[2] Des phrases trop longues et "lentes"

[3] Des ensembles de phrases basés sur le même schéma qui offrent une certaine lenteur à l'ensemble


Donc, lorsque vos passages descriptifs s'enchaînent, et qu'une impression de lenteur s'en dégage, pensez à insérer des dialogues, des événements, à varier le rythme des phrases.

Il est aussi possible d'introduire analepses (flash-back) et prolepses (anticipation) pour modeler la vision de la ligne temporelle. Reprenons le passage révisé pour introduire une analepse implicite:

La caverne vibrait par intermitences. Terell sortit d'un de ces cauchemars qui ne l'avait pas hanté depuis des années. Bon sang de troll ! Il se pencha sur Rub et secoua son épaule : "sacré nom d'une pipe, qu'est-ce que tu ronfles!" Rub le troll grogna et se retourna. Ce faisant, il rejeta son bras contre la parroi et en arracha une pierre - au fond du trou : une fourmillière.

On obtient ainsi un passage plus vivant. Il n'est pas question de distiller dans chaque passage ce genre de techniques. En fait, on jongle avec.

[Enumérations]

Les énumérations sont aussi un moyen d'offrir une série d'élements descriptifs  tout en cassant le rythme de la lecture. On fait un tour plus succinct de la scène (du personnage, des options possibles, etc... les énumérations s'appliquent à tout type de choses) et cela dynamise le récit.

[1] Sans énumérations

Saron retrouva Terell endormi, sans Rub, au milieu des fourmis qui bataillaient entre ses orteils. Terell avait changé ses vêtements ; il avait troqué sa tunique contre un deux pièces en toile de jute colorée. Il y avait aussi un arc à ses côtés et un carquois.

[2] Avec énumérations

Saron se pointa à la caverne: Terell endormi, Rub absent, un arc et des flèches ... -> il ne reste plus qu'à reformuler le reste.

[Les incursions]

La liste est loin d'être exhaustive, mais citons au passage les incursions, ces éléments qui se détachent du récit pour offrir une autre perspective ou une autre matière. Les incursions poétiques ou les éléments de texte que le héros parcourt ou produit et que le narrateur retranscrit à l'état brut sont une bonne manière d'aérer la lecture. Les impressions sur l'incursion sont également une bonne manière d'agrémenter le récit tout en détournant l'attention de l'action principal pour mieux y revenir. Attention à ne pas en abuser cependant, sinon cela fera remplissage plus qu'autre chose.

[1] Sans incursions

Terell s'approcha du village. Le mur d'enceinte taggé semblait infranchissable, même pour Rub. Il allait donc falloir ruser : ils se déguiseraient en ménestrels et Rub resterait en arrière, dans la forêt. Qui sait ce que ces villageois penseraient à la vue d'un troll ...

[2] Avec incursions

Terell s'approcha du village. Le mur d'enceinte taggé semblait infranchissable - même pour Rub - et Terell s'approcha pour lire : Oh, frisson! Oh, mer de tempête! Oh, oh, oh ... ces villageois étaient cinglés, il allait donc falloir ruser ...

Bien entendu, les incursions textuelles seront vues comme faisant partie du récit car leur présence oblige une formulation adéquate. Tout de même, elles sont un élément qui change le ton général et apportent leur empreinte à l'ensemble.

Les incursions visuelles sont plus tranchantes encore, le récit devrait cependant pouvoir s'en passer, SAUF s'il les introduit explicitement. Par exemple Voici à quoi ressemblait l'affiche où une danseuse, penchée sur une chaise, concentrée sur ses chaussons: Et là on voit l'affiche en question, ou alors elle apparait juste avant la phrase.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité