On peut toujours découper un chapitre en scènes. Cela permet de se fixer un but moindre à atteindre - 500 mots pour ce soir ! - et ainsi, on peut travailler plus fidèlement sur le contenu en terme de cohérence.

La question qui vient tout de suite est : quel est le critère de découpage ? Il vient aisément que ce critère ne saurait transcender la disposition des chapitres eux-mêmes (par exemple : le sentiment amoureux -> on découpera rarement une oeuvre selon ce critère, sauf s'il s'agit du sujet, mais alors ce sera plus un critère de division de chapitres qu'autre chose). Le critère le plus simple, si on ne cherche pas à faire du Kandinsky en écriture, sera un critère de localité ou événementiel, par exemple : le passage d'un endroit à un autre, le surgissement d'un nouvel événement (on sonne à la porte...).

L'autre question que l'on se pose est : quelle est la pertinence des scènes ? Si je veux par exemple que mon personnage discute dans le salon, puis on sonne, donc il quitte la pièce, se rend dans le couloir, ouvre la porte, découvre un méchant plein de méchancetés, est surpris et se bat sur le pallier. Comme lieux on a : le salon, le couloir, la porte, le pallier. Comme événements on a discussion au salon, ca sonne, pourquoi pas on dit "attends un seconde" pour se rendre à la porte, on ouvre la porte, on est surpris.

-> dans cet exemple, est-ce que tous les lieux ou les événements nous intéressent au point de les décrire, de leur accorder 1 à N paragraphes, ou sont-ce là de simples lieux ou événements que l'on souhaite ne pas privilégier ? Un nouveau découpage possible serait donc : scène 1: discussion dans le salon et on sonne, scène 2: traverser le couloir, ouvrir la porte, être surpris, se faire attaquer, scène 3: mortal combat.

Qui plus est, on se rend bien compte que le ton empoyé, le niveau de langage, la rythmique de l'écriture se doivent d'être différentes pour chaque scène. La scène 1 peut être plaisante, la scène 2 un brin angoissante (pas de lumière, qui peut sonner à cette heure, on appelle d'abord avant d'ouvrir et l'autre ne répond pas, on décide tout de même d'ouvrir (pas peur, moi!), scène 3: forte rythmique, on se fait attaquer et tout va très vite et pof, on coupe la scène avant de connaître l'issue du combat et le prochain chapitre part sur autre chose (suspense dirait-on...).

Enfin, travailler par scènes - même très courtes - permet de se demander : "Quelle perspective veut-on employer". Il y a une différence entre "il avanca à tâtons dans le couloir" et "depuis la porte une ombre s'approchait", ou encore "son hôte se demanda pourquoi tout à coup plus aucun bruit ne percait dans cette maison"

Pour conclure, le découpage en scènes qui permet de se focaliser sur un aspect particulier du récit, y accoler une perspective particulière, et permet aussi de ne s'engager que dans une entreprise minimale. Cela représente donc un but à atteindre moins contraignant que l'écriture d'un chapitre entier. Qui plus est, si on aime écrire avec une vision de tournage, le mot scène dans ce cas représente exactement ce concept.

E56 - Des chapitres aux scènes

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