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31 juillet 2014

Ecrire une histoire 17 - L'enchaînement des intrigues/actions/péripéties

Lorsqu'on écrit une histoire on souhaite tout d'abord intéresser le lecteur. Pour générer cet intérêt on va :

[1] Proposer un contenu qui apprend des choses (visite du pavillon d'or, comment on pêche le requin, comment spéculer sur des boîtes de yaourt périmées, etc ...)

[2] Entraîner le héros dans une série de péripéties. On s'intéresse à cela dans ce post.

Malmener notre héros ou l'intriguer : En effet, si le héros est le point de mire de l'histoire, on ne va pas le regarder se balader dans un jardin s'il ne lui arrive rien et s'il n'a d'intérêt que pour les orchydées. S'il passe son temps à se pencher sur les fleurs et sourire - et qu'aucune rencontre, analepse ou prolepse ne viennent étoffer le récit - autant envoyer le manuscrit aux oubliettes.

Comme on ne veut pas forcément jeter cette histoire, il faut tenter de la comprendre (voir le post sur "la page blanche"). Une fois qu'on a compris notre propre création - ca paraît étrange de dire cela, mais beaucoup de passages sont constitués de "premiers jets" et on peine souvent à comprendre pourquoi on a écrit cela. Seule une analyse permet donc de saisir la véritable nature du fond de l'idée émergente. - on veut ajouter des intrigues et des péripéties. Mais alors Lesquelles ?

Les intrigues et péripéties sont une manière de générer l'intérêt ou de malmener le héros. Le grand blond avec une chaussure noire passe son temps à casser des choses et se faire mal (c'est un personnage qui subit principalement), et c'est cela qui retient l'attention. Bruce Willis tente de sauver le monde (c'est un personnage qui agit principalement) au milieu des pires situations pleines de terroristes ...

Tout est donc une affaire de dosage de la tension, mais aussi de trouver la bonne perspective : veut-on que les événements frappent le héros, ou alors que ce dernier s'embarque de lui-même dans une série de péripéties et déboires ? Si on veut que la tension grimpe, on introduit une intrigue ou une péripétie, si on veut relâcher la tension on coupe le chapître par exemple et on part sur du descriptif, voire on part autre part avec un autre personnage.

Il ne faut cependant pas croire que toutes les intrigues et péripéties se valent, répertorions en quelques unes :

[1] L'humour : notre personnage se casse la figure, mange un plat pourri et fait la grimace, etc...

[2] L'équilibre : notre personnage fait des galipettes, rattrape des assiettes au vol, ...

[3] Poursuite "extérieure" : un méchant s'échappe, on tente de la rattraper (à pied, en voiture, ...)

[4] Poursuite "intérieure" : un méchant poursuit notre héros et ce dernier - pour X raisons que ce soit - tente de s'échapper

[5] Jeux : le héros joue une grosse mise au casino, va-t-il gagner ?

[6] Rencontre : le héros rencontre l'élue de son coeur, mais elle ne sait pas être l'élue et peut être même qu'elle s'en balance ...

[7] Danger de mort : des scènes s'enchaînent où le héros joue sa vie (baston, tour qui explose et le héros se retient avec un doigt au dessus des flammes ...)

[8] Fait divers, intrigues : notre héros remarque quelque chose de suspect dans son univers. Il a le droit de réagir ou simplement de retenir ces faits. Par exemple, la première scène commence avec une femme (l'héroine) sur un quai de métro. Elle entre dans la rame et remarque un homme habillé de rouge sous un parapluie rouge (bizarre) et qui ne monte pas dans la rame et qui la dévisage ... fait-on quelque chose avec cela ? Ce sera à la logique de l'histoire de décider. En attendant c'est intriguant et c'est l'effet recherché. Plus tard elle apprendra qu'un malade mental s'est échappé d'un asile et qu'on le recherche activement. Il aurait braqué une boutique de parapluies et se serait enfui avec un modèle rouge et le contenu d'une boîte à crayons. Est-ce lui ?

etc.

Les actions sont entreprises par le héros (se servir un café, poursuivre un caniche récidiviste, pester contre une affiche, ...)

On l'aura compris, il y a une infinité d'intrigues, actions, péripéties. Tout est une histoire de dosage.

Comme il y a aussi une infinité de manières de doser, voici un exemple:

Nota: par "description / récit" il est entendu un entremêlement des deux. Décrire une sacoche bariolée est une "description". La trouver "à la mode" fait partie du récit car c'est le narrateur qui s'exprime. On ne s'encombre pas trop de faire le distingo ici car les deux fonctionnent de manière complémentaire.

Marion est dans le métro. Elle se rend chez elle. Elle planche sur un manuscrit envoyé par un auteur inconnu. La scène décrit le retour en métro jusqu'à chez elle (mais on n'est pas certain qu'elle rentre vraiment). Qu'écrire ici ?

[1] Fixer le nombre de mots, on va dire 2000

[2] Qu'a-t-elle à faire :

- monter dans le métro (pas intéressant, on jette)

- se trouver une place (pas intéressant, on jette)

- pester sur l'atmosphère de ce jeudi pluvieux (pas intéressant, on jette)

Donc on commence avec Marion dans la rame, installée, le manuscrit sur les genoux.

- action 1: Elle vise l'ensemble, tourne les pages, inspecte les polices, les incursions graphiques, etc...

- intrigue : le style lui rappelle quelque chose (un plagiat ?)

- action 2: Elle prend son téléphone et commence à parler avec une collègue au sujet du manuscrit

- description / récit : brouhaha

- action 3: Le téléphone coupe (plus de réseau)

- action 4: le train freine brutalement en plein tunnel (un accident de voyageur ?).

- description / récit: La lumière du wagon passe en mode veille. Les gens pestent ...

- souvenir : Marion se souvient de la dernière panne, un type avait fait un malaise, toujours pas d'annonce du conducteur

- dialogues : des gens se parlent, ... la rengaine habituelle

- action 5: le train reprend, elle reprend le manuscrit, le tout début lui échappe, où a-t-elle lu cela ...

- péripétie : elle quitte la rame au prochain arrêt, le manuscrit lui échappe des mains et la rame roule dessus ... l'autre copie est à son bureau, de l'autre côté de la capitale

- péripétie: elle décide de récupérer le manuscrit. Au moment de descendre un type se jette sur elle pour l'en empêcher.

- Dialogue court: Il comprend vite que c'est un malentendu

- Description / récit: mais la seconde rame est déjà là.

- action 6 : Finalement il récupère le manuscrit pour elle et salit sa veste

- Retour sur le personnage, action 7 : elle lui offre un café ...

Conseil à propos: On emploiera un style vif pendant que le train roule si on veut accentuer que le train englobe Marion absorbée dans son manuscrit. Si on ralentit le rythme ce sera pour focaliser sur la lecture de Marion, sa recherche de souvenirs ...

On voit qu'on a manqué l'objectif : Marion rendre bien chez elle, mais elle n'arrive pas jusqu'à chez elle, elle part prendre un café avec un inconnu serviable ... est-ce le début d'un flirt ? Où veut-on aller avec cet autre personnage ? Qui est-il ? Les questions soulignées sont celles que peut se poser Marion, celles en tout cas que se posera le lecteur.

On remarque les actions, les dialogues, les péripéties, .... tout va s'enchaîner, parfois de manière très compacte au sens où on trouve plusieurs actions, dialogues, péripéties dans le même passage (unité narrative).

Tout est encore une fois une question de dosage, le principal étant que cela se lit bien et que le rythme nous accroche toujours vers l'avant. À la page 300 d'un livre de 320, on peut se permettre d'allonger les descriptions, de caser ce qu'on a peiné à écrire jusqu'alors et ainsi dévoiler une autre facette de la logique de notre univers, le lecteur sera de toute manière dans l'impatience de "terminer" l'histoire et avancera quoi qu'il arrive (on ne renonce pas 20 pages avant la fin !).

 

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